Les braises sous la cendre

Les contes de Pennymaker (Tome 1)

Mark Sintorella (surnommé Cendres) travaille sans relâche en tant que valet dans un hôtel de luxe le jour, et dessine des vêtements la nuit, dans l’espoir secret de réussir un jour à entrer en école de mode. Mais tous ses plans tombent à l’eau le jour où il rencontre Ashton Armitage, fils de la cinquième plus grosse fortune des États-Unis. Le Prince Ashton est sans conteste le jeune homme le plus séduisant que Mark ait jamais vu de sa vie.

Le testament du grand-père d’Ashton le contraint à se marier s’il veut toucher l’héritage familial, aussi décide-t-il d’épouser Kiki Fanderel. Ce que personne ne sait, c’est qu’en réalité, Ash est gay, et c’est le garçon qui nettoie les cheminées qui fait battre son cœur.

Pour compliquer encore la situation, l’étrange Carstairs Pennymaker, petit homme espiègle et facétieux, découvre que Mark est styliste et décide de lui faire porter ses créations en le faisant passer pour une femme, espérant ainsi impressionner les gourous de la mode qui séjournent à l’hôtel. Et lorsque sonnent les douze coups de minuit, le prince se retrouve confronté non pas à une, mais deux princesses. Seulement l’une d’entre elles n’est pas ce qu’elle semble être. À qui la chaussure ira-t-elle ? Seul le mystérieux Monsieur Pennymaker le sait…

Les formats: eBook, Livre de poche

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Publié le 5 décembre, 2017
Dreamspinner Press
53,907 mots
190 pages

Les formats
eBook (ISBN 978-1-63533-866-9)
Livre de poche (ISBN 978-1-64080-464-7)

Illustration de couverture: Reese Dante
Traductrice: Julie Bénazet
Traduction de  Sinders & Ash by Tara Lain

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Extrait

 

SNOW GRIMAÇA et se tourna vers le professeur Kingsley alors que le groupe d’étudiants lui jetait des coups d’œil et gloussait.

— … le visage d’une fille !

— Il n’a pas l’air redoutable.

Snow se détourna. Oui, il était différent. Eh bien, dans la mesure où il était un garçon. Oui, il détestait cela.

Le professeur Jacobs, qui guidait le petit groupe d’étudiants, se contenta d’une grimace désapprobatrice, mais ne les reprit pas. Il les laissa se moquer et le montrer du doigt comme une bête de foire.

— Fais-moi le plaisir de mettre une raclée à ce trou du cul arrogant, chuchota le professeur Kingsley en se penchant discrètement vers lui, avant de s’adresser à la foule : Merci à tous d’être venu. Le match amical qui se disputera aujourd’hui opposera le grand maître Professeur Herman Jacobs au grand maître Snowden Reynaldi.

La centaine de personnes présentes dans la salle se rapprocha de la petite table installée sur une estrade. Une horloge et un échiquier étaient posés dessus. Le professeur Kingsley se pencha de nouveau sur Snow.

— Amuse-toi, mais ne fais pas trop durer le plaisir, il faut que nous nous entraînions pour le tournoi Anderson et également que tu te reposes.

Snow hocha la tête et s’installa à la table. Jacobs avait déjà pris place sur ce qu’on appelait la chaise du vainqueur, généralement celle avec le meilleur angle de vue et le meilleur éclairage. Un jeune homme élancé d’une vingtaine d’années s’approcha de Jacobs, lança un regard amusé à Snow, et dit :

— On compte sur vous pour remporter la victoire rapidement, prof, on vous attend pour aller boire un verre et fêter ça.

— Je vais faire de mon mieux, répondit Jacobs en riant avant de saluer Snow d’un simple signe de tête.

L’arbitre grimpa sur l’estrade et tendit devant eux ses deux poings fermés. Jacobs tapota son poing gauche, l’arbitre ouvrit la main. C’était une pièce noire, ce qui signifiait que Snow commençait.

Un léger murmure de protestation s’éleva depuis le coin des supporters de Jacobs.

Snow scruta le plateau de jeu, vaguement conscient du tic-tac qui égrenait les secondes. Dans son esprit, il visualisait déjà tous les déplacements possibles de ses pions. Il laissa planer sa main au-dessus du jeu, puis déplaça son roi en e4 et tapa sur l’horloge.

Jacobs se trémoussa sur son siège et leva les yeux vers lui, un pli soucieux au coin de la bouche. Il fit glisser son fou en f5.

Snow conserva une expression impassible. Il essaie de me provoquer, quel amateur. Il captura son fou sans hésiter une seconde et tapa de nouveau sur l’horloge.

Jacobs fronça les sourcils. Snow redressa la tête et s’immobilisa, le souffle coupé, le regard vrillé sur l’homme debout derrière Jacobs.

Une main sous son menton de dieu grec, l’autre sous son coude, il fixait le plateau de jeu de ses étranges yeux dorés. Un sourire mystérieux flottait sur ses lèvres fines, comme s’il pouvait déjà deviner le prochain coup de Snow. Comme s’il pouvait lire dans son âme. Riley. Riley Prince. Sa silhouette athlétique, à la fois solide et élégante, respectait toutes les promesses de son nom.

Il est là. Je n’arrive pas à croire qu’il soit là.

Mais ce n’est sans doute pas pour te voir toi qu’il est venu, ajouta la petite voix grinçante dans sa tête.

La main de Snow se tendit, mue par une volonté propre, comme si elle cherchait à toucher le prince, et quelqu’un dans la foule poussa une exclamation de surprise. Snow se secoua en clignant des yeux et croisa brièvement le regard inquiet de Riley.

Il prit une grande inspiration pour tenter de se reconcentrer et observa le dernier coup de son adversaire. Jacobs lui lança un petit sourire méprisant. Il avait déplacé un pion en g5. Snow jeta un regard mauvais à sa main, toujours suspendue au-dessus du plateau. Et dire qu’il avait failli toucher une pièce avant son tour. À leur niveau, ce genre d’erreur pouvait lui coûter la victoire. Les fans de Jacobs en auraient jubilé, ils se seraient tous délectés de raconter la fois où Snowden Reynaldi avait perdu en faisant une erreur de débutant. Ce n’était pas tant la défaite qui importait, c’était surtout sa réputation.

Dépêche-toi d’en finir avec cette satanée partie, s’ordonna-t-il.

Mais, il peinait à se concentrer sur le jeu. Ses yeux cherchaient obstinément à se poser sur Riley, et lorsqu’il croisa à nouveau son regard, il y lut de nouveau de l’inquiétude.

Ne t’inquiète pas, mon prince.

Les étudiants de Jacobs affichaient tous un sourire narquois. L’expression du professeur Kingsley était indéchiffrable, ce qui signifiait qu’il n’était pas tranquille.

Snow leva les yeux au ciel, concentra toute son attention sur le jeu, et avec un geste de main adroit, il déplaça sa reine en h5.

— Échec et mat.

Il se rassit confortablement dans son siège, enfin apaisé. Tout ce qu’il voulait, c’était pouvoir contempler ce visage de rêve sans être interrompu.

Jacobs écarquilla les yeux.

— Non, s’exclama-t-il en fixant le jeu comme s’il ne comprenait pas ce qui venait de se passer.

Riley sourit et se joignit au reste du public qui applaudissait à tout rompre. Le rythme cardiaque de Snow s’emballa.

Et si je me levais ? Si j’allais le voir et que je me présentais ? Son estomac se tordit d’angoisse à cette seule pensée.

Ne sois pas bête, pourquoi t’adresserait-il la parole ? demanda l’horrible petite voix en lui qui avait toujours aimé piétiner son peu de confiance.

Snow observa distraitement Jacobs, toujours penché au-dessus du jeu avec un air hébété, mais très vite, ses yeux cherchèrent de nouveau le visage de Riley Prince. Une magnifique jeune femme fendit la foule, se glissa aux côtés de Riley et glissa une main à la pliure de son coude. Elle se dressa sur la pointe des pieds pour lui murmurer quelque chose à l’oreille, et Riley se mit à rire. Snow poussa un long soupir. Courtney Taylor, l’enfant chérie du campus. La princesse idéale pour un prince tel que Riley.

Snow baissa les yeux sur le plateau. Il ne tenait pas particulièrement à voir ça.

Qu’est-ce que tu t’imaginais ? C’est pour elle qu’il est venu aujourd’hui.

— Espèce de petit… grommela Jacobs avant de se reprendre. Une victoire en trois coups, tu m’as bien eu Reynaldi.

— J’ai eu de la chance.

— Oh, je t’en prie, protesta Jacobs. Ce n’est plus une question de chance depuis que tu as trois ans. Ne joue pas au plus modeste, ça ne te va pas.

Snow avait la tête qui tournait. Il se refusa à lever les yeux. Jacobs lui tendit la main.

— Désolé de ne pas avoir été un défi plus dur à relever.

— Merci pour la partie, répondit Snow en se forçant à sourire. C’était amusant.

— Facile à dire. Mais merci à toi aussi.

Jacobs s’éloigna et quelqu’un tapota l’épaule de Snow.

— Bon travail, Snow, tu lui as montré de quoi NorCal était capable.

Snow baissa la tête et offrit un petit sourire sincère à l’étudiant qui était venu le féliciter. Sa timidité excessive et ses manières étranges ne dérangeaient pas les gens, ils étaient bien trop fiers de le voir représenter leur université avec autant de succès.

Les étudiants de Jacobs le dévisageaient désormais avec mépris. Valait-il mieux être craint ou moqué ? Snow n’était partisan ni de l’un ni de l’autre, mais il savait que ce genre d’attitude faisait partie du monde des échecs.

Le professeur Kingsley monta sur l’estrade pour reprendre la parole.

— Un grand merci au grand maître Herman Jacobs d’avoir fait le déplacement pour participer à cette rencontre amicale. Pour tous ceux qui voudraient rejoindre le club d’échecs, vous trouverez les formulaires d’inscription sur la table à côté de la sortie.

Snow scanna la foule du regard, mais le dieu grec aux cheveux d’ange avait disparu.

Quel rêveur tu fais, songea-t-il.

Quel crétin, le corrigea la petite voix.

Un autre étudiant s’approcha pour le féliciter. Snow le reconnut vaguement, mais il ne se souvenait pas de son nom.

— Comment as-tu fait pour préparer une victoire en trois coups ? demanda-t-il, admiratif.

— Je… Je ne sais pas.

— Mais tu dois bien suivre une certaine logique ?

— Non, répondit Snow en secouant la tête. Il n’y a pas de logique, tous les coups sont possibles, il suffit de savoir quand les jouer.

— Je ne comprends pas comment tu fais.

— C’est normal Barry, le rassura le professeur Kingsley en se rapprochant d’eux. Snow est physicien, sa stratégie aux échecs s’appuie sur des principes de mécanique quantique.

Snow continua d’observer discrètement la foule. Où avait bien pu passer Riley ?

— Mais je ne comprends pas, insista Barry en fronçant les sourcils. Dans le match de Fisher contre…

— Je suis désolé Barry, l’interrompit le professeur en glissant un bras autour des épaules du grand maître, mais je vais avoir besoin de Snow. Nous parlerons de tout cela lors de la prochaine réunion du club.

— Oh. Oui, bien sûr.

Il entraîna Snow avec lui dans la salle adjacente où un petit buffet était installé.

— Tu vas bien ?

— Oui, ne vous inquiétez pas, répondit Snow en souriant.

— C’était impressionnant pour un match amical.

— Il faut dire qu’il est tombé droit dans le panneau.

Le professeur lui offrit un sourire en coin qui donnait à son visage séduisant un petit air espiègle.

— Je t’avoue que c’était très satisfaisant de le voir se faire battre à plates coutures. Il était tellement sûr de lui quand il est arrivé, il croyait que c’était gagné d’avance. Quel abruti.

Snow hocha la tête en souriant. Rendre le professeur heureux était sans conteste dans le top cinq de ses activités préférées.

— Mais c’est fini les matchs amicaux, il est temps de passer aux choses sérieuses. À partir de la semaine prochaine, nous allons commencer ton entraînement pour le tournoi Anderson.

— Bien, chef.

— Il faut aussi que nous travaillions sur ta confiance en toi devant le public. L’Anderson est un gros événement, il y aura beaucoup de gens : la presse, les fans, je veux être certain que tu sois prêt.

Rien que d’y penser, Snow se sentait fiévreux.

— Harold ! salua le coach McMasters en posant une main sur l’épaule du professeur Kingsley.

Si le coach là, est-ce que Riley est encore dans les parages ? se demanda Snow.

— Kurt, je suis content de te voir. Qu’est-ce que tu fais là ? demanda-t-il en lui serrant la main.

— Je te cherchais, figure-toi. J’ai un petit problème, et je pense que tu devrais pouvoir m’aider.

— Je vais vous laisser, murmura Snow en s’éloignant maladroitement.

— Non, non, restez, ça ne prendra qu’une minute, c’est votre victoire que nous célébrons après tout. Je vais aller droit au but, j’ai besoin d’un tuteur en physique. L’un de mes joueurs a de très mauvaises notes et il faut qu’il valide cette matière s’il veut décrocher son diplôme. S’il descend sous la moyenne au cours de l’année, il n’aura plus le droit de jouer sur le terrain. Je me disais que tu connaissais peut-être quelqu’un qui pourrait l’aider, Harold.

— Oui, bien sûr. Duquel de tes joueurs s’agit-il ?

— Riley. Riley Prince.

Snow sentit sa mâchoire s’ouvrir de stupeur et se força à la refermer aussitôt.

— Vraiment ? demanda le professeur Kingsley en riant. Le prince du terrain de football a un talon d’Achille ?

— Il est loin d’être bête, répondit le coach en haussant les épaules, mais il a du mal avec la physique.

— Il comprend la logique des échecs, il ne devrait pas peiner avec la physique. Il doit s’y prendre de la mauvaise manière.

Les mots sortirent de la bouche de Snow sans qu’il les contrôle.

— Comment tu sais qu’il comprend les échecs ? demanda curieusement Kingsley.

— Je ne sais pas, c’est une simple supposition. Mais je l’ai vu observer la partie tout à l’heure, et j’aurais pu jurer qu’il anticipait mes coups.

— Il a regardé la partie ? demanda le coach en fronçant les sourcils.

— C’est ça qui t’a déconcentré ? demanda Kingsley avec un drôle de petit sourire.

— Non, je… Je… bafouilla Snow.

— Déconcentré ? Qui a été déconcentré ? demanda une voix.

Winston, qui venait d’apparaître, glissa un bras autour de la taille de Snow en s’insérant dans leur petit groupe. Snow fit un pas sur le côté pour fuir son étreinte, mais il se cogna mollement au professeur Kingsley et Winston parvint à lui embrasser la joue.

— Qu’est-ce que j’ai manqué ? demanda Winston.

— La pulvérisation de Jacobs par Snowden en seulement trois coups, sourit fièrement le professeur.

— Ce qui n’est pas étonnant. Snow est le meilleur. Comment a-t-il pu trouver le temps d’être déconcentré en l’espace de trois coups ?

— Ça n’a pas d’importance, il a gagné quand même.

— Tu es prêt à aller fêter ta victoire ? demanda Winston en le serrant dans ses bras.

— N’exagérons rien, répondit Snow en secouant la tête, il n’y a pas vraiment de quoi faire la fête.

— Il n’y a pas toujours besoin d’une raison pour faire la fête, rétorqua Winston en riant, et le professeur Kingsley hocha la tête avec enthousiasme.

Snow et Winston étaient les deux seuls hommes gay de leur promo, et le professeur les avait fortement encouragés à se serrer les coudes et à apprendre à se connaître. Depuis la mort de sa femme, la solitude l’angoissait beaucoup, et il supportait mal de voir qui que ce soit en souffrir. Snow ne lui en voulait pas, il appréciait Winston, mais son cœur appartenait à quelqu’un d’autre.

Soudain, la double porte battante de la salle s’ouvrit à la volée, et une femme d’une beauté renversante apparut sur le seuil. Elle était si belle qu’un murmure d’admiration parcourut la foule et même Winston, qui n’avait jamais regardé les femmes de toute sa vie, émit un petit bruit admiratif.

Elle était tout ce que Snow n’était pas. Elle portait de très longs cheveux d’un rouge vibrant, là où ceux de Snow étaient d’un noir de jais, une peau soyeuse couleur de bronze, au complet opposé de la carnation lunaire de Snow. Le professeur Kingsley murmura :

— Anitra…

Puis il se dirigea vers la femme, les deux mains tendues dans sa direction.

— Je suis tellement content que tu sois là, ma chérie.

— Bonjour Harold, dit-elle d’une voix suffisamment forte pour être entendue par tous les gens autour d’eux.

Elle lui offrit un sourire parfait, découvrant le bref éclat de ses dents droites et blanches. Le professeur se pencha pour l’embrasser sur la joue, puis se tourna vers les membres du club.

— Votre attention s’il vous plaît, j’ai une petite surprise pour tout le monde. Je vous présente Anitra Popescu. Elle vient d’intégrer l’université en tant que doyenne adjointe, et c’est une très grande joueuse d’échecs. J’ai réussi à la convaincre d’être mon bras droit à la direction du club. Cette année, notre nombre d’adhérents a battu des records, et comme je vais essentiellement me consacrer à l’entraînement de Snowden, c’est elle qui gérera tout le reste. Il ne fait aucun doute qu’avec cette nouvelle, nous allons recevoir encore beaucoup d’autres inscriptions, plaisanta-t-il.

Anitra sourit et parcourut la foule du regard. Elle s’arrêta une seconde supplémentaire sur Snow, et le jeune homme sentit un frisson lui remonter l’échine.

Le professeur Kingsley entrelaça ses doigts avec ceux d’Anitra.

— Je voudrais aussi profiter de cette occasion pour vous annoncer qu’Anitra et moi sommes fiancés, ajouta-t-il avec un immense sourire.

Tout le monde les applaudit, et le sang de Snow se glaça dans ses veines.

— C’est super pour le professeur, commenta Winston en se penchant vers lui. Il était tellement seul ces deux dernières années. Et regarde-moi un peu la fiancée qu’il s’est dégotée.

— C’est super, confirma mécaniquement Snow. Vraiment super.

Tout autour de lui se mit à tourner trop vite. Le professeur était en train d’accepter les félicitations des membres du club, mais il cherchait Snow du regard, sa main toujours serrée autour de celle d’Anitra.

— Allons-nous-en, demanda Snow en tirant sur la manche de Winston.

— Quoi ? Mais le professeur vient vers nous, répondit le jeune homme confus.

— Je veux m’en aller Winston.

Il releva la tête et aperçut le coach qui félicitait les fiancés. Le désir à peine dissimulé dans son regard était évident : il parcourait du regard la silhouette sculpturale d’Anitra comme si le mannequin de son magazine Playboy préféré venait d’apparaître. À cet instant, Snow prit une décision fatidique. Il inspira profondément et s’avança vers le coach.

— Je veux bien aider, coach.

Le regard de l’homme s’agrandit.

— Mais…

— Aider pour quoi ? demanda Winston.

— Le tutorat, je veux bien m’en occuper. Je vous appellerai pour régler les détails. Allez viens, Win, allons-y maintenant.

Il se dirigea vers la sortie sans plus attendre en traînant Winston derrière lui, ce qui devait sans doute avoir l’air terriblement comique, car Winston mesurait presque deux mètres et Snow à peine un mètre soixante-dix.

— Tu veux bien m’expliquer ce qui vient de se passer ? demanda Winston en essayant de le suivre sans trébucher.

— Rien. Le coach a besoin de quelqu’un pour donner des cours de physique à l’un de ses joueurs, c’est tout.

— Pourquoi ce n’est pas moi qui m’en occupe ? Où vas-tu trouver le temps de donner des cours avec ton entraînement pour le tournoi ?

— Ça ne me prendra pas tant de temps que ça, répliqua-t-il en traversant le couloir à grandes enjambées.

— Si je ne te connaissais pas mieux, je te soupçonnerais de faire ça simplement pour pouvoir mater du sportif musclé.

— Ne sois pas ridicule.

— Pourquoi marchons-nous aussi vite, au fait ? Tu n’es pas curieux de rencontrer la fiancée du professeur Kingsley ?

Snow secoua la tête.

— Ah bon ? Pourquoi ?

— Je ne sais pas.

— Il ne t’avait encore jamais parlé d’elle ?

Snow secoua de nouveau la tête. Pourquoi le professeur ne lui avait-il jamais parlé d’Anitra ? Pourquoi avait-il fallu qu’il découvre son existence en même temps que tout le monde ?

— Ils sont fiancés, Snow, tu risques de la croiser très souvent. Si j’étais toi, je ferais un effort. Dans peu de temps, elle deviendra sans doute sa femme.

— Je fais des efforts. Je suis très heureux pour eux.

Sa femme.

Snow frissonna.

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