Une mariée sur mesure

Dreamspun Desires

Il épousera la femme de chambre pour hériter de 50 millions de dollars, mais un secret pourrait faire capoter l’affaire.

Taylor Fitzgerald a besoin d’une mariée de dernière minute.

À la veille de son vingt-cinquième anniversaire, le fils du milliardaire découvre, bien qu’il soit gay, qu’il doit épouser une femme avant minuit ou perdre un héritage de cinquante millions de dollars. Il file donc à Las Vegas… où il rencontre la belle femme de chambre Ally May.

Il y a juste un problème de taille : Ally est en fait Alessandro Macias, fils d’un imposant magnat de l’hôtellerie brésilien. Mais si Ally continue à prétendre être une fille un peu plus longtemps, y a-t-il une chance qu’ils puissent découvrir que ce mariage est fait pour eux ?

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Publié le 11 juillet, 2017
Dreamspinner Press
57,522 mots
266 pages

Les formats
eBook (ISBN 978-1-63533-942-0)
Livre de poche (ISBN978-1-63533-941-3)

Illustration de couverture: Paul Richmond
Traductrice: Laura Brohan
Traduction de Taylor Maid by Tara Lain

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Extrait

 

— JE m’excuse, señor. Je n’ai jamais vu ce garçon.

Elle tira son épaule de la poigne du grand homme et contourna son chariot d’étage pour mettre une certaine distance entre eux. Qui croyait être ce pequeño pito ?

— Vous êtes sûre ? Regardez encore. Il a peut-être changé sa couleur de cheveux.

Il poussa la photographie de l’homme magnifique devant son visage.

— Je ne suis pas près d’oublier quelqu’un de si beau. Je ne l’ai jamais vu.

Le grand homme au nez abîmé regarda la photo comme s’il était tout à fait d’accord avec sa description.

— Si vous le voyez, informez immédiatement votre supérieur, d’accord ?

— Entendu. Bien sûr.

Sur mon cadavre.

— Il y a une récompense, ajouta-t-il.

Elle fronça les sourcils.

— A-t-il fait quelque chose de mal ?

— Pas exactement. Il s’est enfui de chez lui. Il pourrait être en danger.

Le grand lelo placarda un sourire sur son visage comme s’il essayait de la convaincre de quelque chose d’important.

Ouais, je vais juste parier qu’il s’est enfui de toi, connard.

— Je m’assurerai de le signaler tout de suite si je le vois.

Elle imita son sourire de façade.

— J’aimerais bien avoir cette récompense.

— Très bien. Merci.

Il se dépêcha dans le couloir et monta dans l’ascenseur, s’en allant probablement parler au personnel de la réception.

Elle fit quelques mouvements d’épaules pour faire disparaître la sensation de la main de l’homme sur elle.

— ¡Chingate ! [1]

— Quelle humeur !

Elle regarda par-dessus son épaule et sourit à Ally, sa stagiaire, qui arrivait dans le couloir en sautillant.

— Hola, ma petite. ¿Cómo estás?

— Bien, ma belle Conchita, femme de chambre.

Elle chanta les paroles comme la vieille chanson des Beatles et dansa avec le balai qu’elle venait d’attraper à l’arrière du chariot, sa queue de cheval rousse s’agitant. Conchita rit. Grande, mince, et mignonne comme un chiot derrière les grandes lunettes qu’elle portait, Ally arrivait toujours à la faire sourire.

La jeune fille plongea la serpillière dans une profonde révérence en arrière, puis la remit sur le chariot.

— Que s’est-il passé ? Je ne t’entends pas souvent jurer contre les clients.

— Sauf quand ils laissent leurs préservatifs par terre.

— Ah oui, l’amour en fleur. Partout sur nos tapis.

Elle virevolta à nouveau. Ally était rarement immobile.

— Quoi qu’il en soit, ce mamahuevo n’est pas un client. Juste un paquet de muscles que quelqu’un a embauché, je parie. Il cherche un gamin qui s’est enfui de chez lui. Un beau garçon. Des cheveux noirs et des yeux de la couleur de l’océan.

Ses grands yeux bruns s’écarquillèrent.

— Oh, vraiment ?

— Oui. Il a dit qu’il y avait une récompense.

— Oh.

— Mais jamais ce pendejo ne pourra m’acheter pour me faire parler.

Ally regarda le couloir.

— Je parierais que d’autres n’auront pas les mêmes scrupules.

Pour une fois, elle ne sourit pas.

 

 

 

Chapitre Un

 

 

Taylor introduisit sa clé dans la serrure. Alors qu’il ouvrait la porte qui donnait dans le vestibule, le majordome de la famille arriva en courant, ajustant sa cravate.

— Monsieur Taylor, je suis tellement désolé, je ne vous ai pas entendu.

Taylor leva une main et ferma la porte derrière lui.

— Pas de problème, Charles. Je me suis permis d’entrer.

Il sourit en baissant la tête vers le petit homme. Mais, bien sûr, il devait baisser la tête avec la plupart des gens puisqu’il atteignait le mètre quatre-vingt-dix.

— Votre père est toujours dans son cabinet, monsieur.

— C’est bon. Je suis juste venu chercher mes clubs de golf. Je les ai laissés ici après le dernier événement de charité. Des amis m’emmènent faire un golf demain.

Charles sourit.

— Pour votre anniversaire, monsieur ?

— Oui. Pensais-tu que tu me verrais vivre jusqu’à vingt-cinq ans ?

— J’ai eu des moments de doute.

— J’ai certainement fait de mon mieux pour mettre fin à mes jours avec les chevaux et des voitures, n’est-ce pas ?

— En effet, monsieur. Je crois que la presse a qualifié cela de ‘polo extrême’. Mais vous semblez avoir trouvé votre voie avec les centres de jeunesse. Je suis très fier de vous.

Taylor posa une main sur l’épaule de Charles. Il lui semblait encore plus frêle qu’un an plus tôt. Il faisait partie de la famille depuis si longtemps qu’il était difficile de remarquer les changements.

— Merci. J’aimerais que tu ne sois pas le seul ici à penser que c’est quelque chose dont on peut être fier.

Charles inclina la tête. Deux décennies passées avec Laughton Fitzgerald avaient développé une énorme loyauté – sinon une énorme affection. Mais Laughton n’était pas un homme des plus faciles à aimer.

— Il est fier de vous, à sa manière.

— Je vais te croire sur parole, Charles.

Il se dirigea vers le double escalier qui menait à l’étage, de chaque côté du vestibule.

— Puis-je vous aider avec les clubs, monsieur ?

Il secoua la tête en commençant à monter.

— Ce n’est pas nécessaire. Je vais juste les récupérer dans mes appartements.

Bien que Taylor ait vécu loin de chez lui pendant des années, d’abord à l’université, puis dans son propre chez lui, ses quartiers ressemblaient toujours à ce qu’ils étaient quand il avait dix-huit ans. Son père ne voulait sans doute pas se mêler des affaires de son fils, alors il fermait les pièces et prétendait qu’elles n’existaient pas. Les tapis épais en laine du couloir étaient un régal pour les pieds, comme ils l’avaient été depuis qu’il était gamin. Il ouvrit la porte de son salon. La pièce sentait le renfermé à cause du manque d’aération. Peut-être était-ce l’odeur de tous les mensonges qu’il avait proférés alors qu’il collectait les trophées sportifs qui décoraient le manteau de la cheminée. Mais il avait certainement compensé sa dissimulation depuis qu’il était finalement sorti du placard à dix-huit ans. Son père insistait sur le fait qu’il y avait peut-être des microbes sur la lune qui ne savaient pas que Taylor Fitzgerald était gay. Mais ils étaient bien les seuls.

Il traversa la pièce jusqu’au placard de rangement du salon où il conservait des vêtements un peu usés et ses équipements de sport, et ouvrit les doubles portes. Hmm. Rien. Qu’avait-il bien pu en faire ? Il était certain de les avoir laissés là quand il avait joué au golf lors du tournoi d’entreprise le mois dernier. Il avait un autre jeu de clubs, mais il aimait ceux-là.

D’accord, alors peut-être que Laughton les avait utilisés. Il avait espéré éviter son père lors de son passage éclair à la maison, mais diable, il était là. Il pouvait aussi bien demander.

Il dévala le grand escalier au petit trot, dépassa l’entrée de l’immense pièce à vivre, et emprunta le couloir qui menait au bureau de son père. Il l’appelait son cabinet d’étude, même s’il ‘étudiait’ très peu. À côté, dans la salle à manger, Taylor entendait des cliquetis, ce qui suggérait que le personnel était en train de préparer un repas pour un tas de personnes. C’était logique. Un vendredi après-midi, à quatre heures. Laughton était voué à se préparer à divertir des politiques et des juges qu’il voulait influencer. Taylor hésita. S’il demandait à son père pour ses clubs, serait-il coincé pour dîner ? Ce n’était pas la façon dont il voulait passer la veille de son anniversaire. Un repas avec des amis, une virée rapide dans un club, une bonne fellation de classe mondiale lui semblaient une possibilité bien plus attirante.

Bon, eh bien, finis-en vite.

Il marcha jusqu’à la porte du bureau et entendit la voix de Laughton en s’approchant.

— Oui, Burt, je pense qu’il n’y a pas de risque à y aller et à planifier la distribution de ces fonds, tu ne crois pas ?

Il éclata de son rire le plus désagréable, ce qui signifiait généralement que quelqu’un était sur le point de se faire baiser.

— Il est peu probable qu’il remplisse cette partie du contrat d’ici demain, n’est-ce pas ?

Taylor s’arrêta et s’appuya contre le mur. Laughton n’aimait pas qu’il l’écoute parler de ses affaires. Il disait que l’éthique au grand cœur de Taylor le mettait mal à l’aise. Taylor regarda sa montre. Donne-lui quelques minutes pour finir. Il sourit. Oui, ‘finir’ était en tête de son programme de la nuit, et cela n’avait rien à voir avec son père.

— Non, je n’ai techniquement jamais caché les détails à Taylor.

Quoi ? Il fut soudain à l’affût.

— Simplement, la suspicion n’est pas vraiment dans son caractère, alors la petite technicité associée au legs n’a jamais été soulevée. Ce n’est pas ma faute s’il n’a jamais lu les petits caractères.

Encore ce rire.

Eh bien, ma foi. Il pouvait débarquer dans le bureau et demander ce qui se passait, mais – prudence est mère de sûreté, blablabla. Pressant son oreille plus près de la porte, il regarda dans le couloir pour s’assurer que Charles n’était pas à proximité. Le vieil homme aimait Taylor, mais il ne se dresserait jamais pour lui s’il le surprenait à espionner Laughton.

— D’accord, nous devons retourner cet argent dans la comptabilité sans qu’il soit évident qu’il avait disparu. Tu sais comment faire ça, n’est-ce pas ?

Silence.

— Excellent. Il ne saura probablement même jamais que c’est arrivé avant un jour prochain quand il se demandera quand il recevra son héritage.

Le souffle de Taylor se coinça dans sa poitrine. De quoi parlait-il ?

— Non, je ne me sens pas mal. Bordel, ce petit con ne se serait jamais marié à temps de toute façon, tu n’es pas d’accord ? Je veux dire, a-t-il montré un signe quelconque qu’il souhaite s’installer ? Merde, il est trop occupé à se taper tous les homos de la ville. En plus, il utiliserait cet argent pour…

Des bruits de pas ! Taylor traversa le couloir en hâte pour entrer dans la salle de musique et attendit que Charles la dépasse. Son cœur battait si fort qu’il faisait probablement trembler le mur contre lequel il était appuyé. Quels petits caractères ? Il jeta un œil dans le couloir. Le majordome n’était nulle part en vue. En avant. Il se précipita hors de la pièce, traça dans le couloir, et franchit la porte d’entrée en courant pour rejoindre sa voiture. Heureusement, le bureau de son père donnait sur le jardin. Il saurait que Taylor était venu à la maison – Charles lui dirait –, mais pas que Taylor s’était approché de son bureau.

Sainte merde [2]. Il appuya sur l’accélérateur et dévala la montagne vers la ville et son appartement, dans le crépuscule croissant. De quoi parlait Laughton ? Et son héritage ? Il devait parler de l’argent que son grand-père lui avait légué. Le testament disait clairement qu’il pourrait l’obtenir après son vingt-cinquième anniversaire. Donc… que voulait dire son père en parlant de mariage ?

Il avait besoin de cet argent. S’il ne l’obtenait pas, il… il ne voulait pas y penser.

Le temps qu’il vienne à bout du trafic jusqu’à l’autoroute, traverse la ville et s’arrête dans le parking de son immeuble, il était seize heures trente passées. Il était censé retrouver Harry et Christopher, alias Coco, à vingt heures, mais tout de suite, il avait une seule priorité. Il courut à l’intérieur du bâtiment et sauta dans l’ascenseur au moment même où les portes se fermaient.

Allez. Quelqu’un ralentissait clairement cette maudite chose. Enfin, il sortit à son étage et se précipita dans son appartement. Son chat, Stonewall – grand, roux et poilu – se jeta sur lui du haut de l’armoire japonaise et manqua presque son épaule tellement il se déplaçait vite.

— Désolé, mon gars. Nous avons de gros problèmes financiers.

Il le gratta sous sa grosse tête et se dépêcha vers le coffre-fort de son bureau. Il rata la combinaison une première fois tant ses mains tremblaient fort. Finalement, il sortit le document. Il ne l’avait pas regardé depuis la lecture qu’il en avait faite des années plus tôt. La seule vue des papiers lui donnait envie de pleurer. Il avait aimé son grand-père, et quand il était mort, celui-ci avait laissé Taylor derrière lui, sans mère, et avec un père qu’il connaissait à peine – et ce qu’il connaissait de lui, il ne l’aimait pas.

Taylor étala les documents par terre devant lui, et Stony bondit de son épaule et s’étala en un arc orangé géant partout sur le testament. Bon Dieu.

— Okay, mon gars, tu dois être avec moi là-dedans.

Il le poussa et Stonewall feula.

— Stony, bon sang. On parle de cinquante millions de canettes de thon !

Avec une nonchalance suprême, Stony se leva et quitta sa place d’un pas décontracté, puis se laissa tomber plus loin et posa sa tête sur sa patte avant, observant Taylor.

Taylor se pencha sur les pages. Son éducation coûteuse en marketing ne l’avait pas préparé à tout le jargon juridique. L’avocat de Laughton avait aussi été celui de son grand-père, et Taylor n’avait pas prêté très attention alors qu’il écoutait la lecture du document, luttant contre les larmes. Pourtant, il se souvenait du montant. Cinquante millions de dollars. Ce n’était pas à prendre à la légère puisque son père léguerait probablement tout son argent, ou presque, à toute personne, organisme ou chose qui n’étaient pas Taylor.

Il scanna les lignes et trouva finalement la déclaration dont il se souvenait. Il jeta un coup d’œil au chat.

— Bon sang. C’est écrit juste ici : je dois recevoir l’argent après mon vingt-cinquième anniversaire. En d’autres termes, après-demain. Alors, de quoi diable parlait Laughton ?

Il marqua une pause.

— Attends une minute.

À côté de la déclaration, il y avait un minuscule astérisque. À peine visible. Il regarda le bas du document. Pas de notes de bas de page. Passant à la page suivante, il chercha la fin du texte. Là. Après deux feuilles ‘laissées intentionnellement vierges’, figurait une série de minuscules notes de bas de page.

Taylor fixa les petits caractères. Sa bouche s’ouvrit lentement de stupeur.

— Bordel de merde.

La note numéro neuf disait que le bénéficiaire doit avoir trouvé une femme et fait un mariage d’amour au moment de l’héritage ou le legs reviendra à l’exécuteur testamentaire.

— C’est impossible.

Cela ne pouvait pas être vrai.

— Si on mettait ça dans un film, personne n’y croirait.

Pourquoi ? Pourquoi son grand-père lui aurait-il fait ça ? Certes, le vieil homme était heureusement marié, et il détestait que Laughton n’ait jamais aimé sa propre femme. Quand la mère de Taylor était décédée, Laughton avait pris l’argent dont elle avait hérité et n’avait jamais regardé en arrière dans sa mise à sac du business américain – sans parler de la mise à sac d’une ribambelle de femmes bien dotées.

Taylor laissa tomber son cul par terre et sa tête sur ses genoux. Il avait seulement dix-huit ans quand son grand-père était mort. Le vieil homme n’avait jamais su qu’il était gay. Il pensait probablement qu’il aidait son petit-fils à épouser la personne qu’il choisirait, plutôt que quelqu’un que Laughton aurait choisi pour lui. Peut-être. Il ne le saurait jamais.

Et, voilà qu’il était là, six ans plus tard, sans avocat personnel parce qu’il avait été trop pris par sa vie pour s’occuper de faire des vagues avec celui de son père. Eh bien, il venait juste d’être touché par un tsunami.

Stony glissa lentement contre la cuisse de Taylor puis sur son abdomen pour trouver une place sur ses genoux. Automatiquement, il caressa sa fourrure soyeuse.

— Merde, Stony, je pensais que j’aurais une fellation pour mon anniversaire. Je ne savais pas que je serais baisé.

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