Boules de feu

La balle au bond (Tome 2)

Rodney Mansfield est un artiste renommé et un homme d’un mètre soixante-sept, ceinture noire de karaté, qui affiche des cheveux roses, six boucles d’oreilles, et cache un désir inavoué pour Hunter Fallon, un pompier local. Cependant, le Nain de jardin, comme on l’appelle, sait que jamais il ne parviendrait à charmer cet homme gay aux allures d’hétéro, alors il rassemble tout son altruisme et aide Jerry, son ami plus viril, à l’attirer. Comme si son cœur brisé ne suffisait pas, il sauve Hunter d’un homophobe de sa caserne, l’humiliant ainsi devant son père !

Hunter vit une vie de rêve – celui de son père, justement. Alors qu’il aimerait enseigner la littérature à la faculté, lire des poèmes sous le soleil ou se trouver un homme fort pour le dominer, il lutte contre les incendies pour faire plaisir à son géniteur. Hunter déteste les hommes extravagants comme Rodney. Pourtant, pourquoi n’arrive-t-il pas à lui résister ? Peut-être est-il temps d’avouer que cette flamme-là, il ne souhaite pas l’éteindre.

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Publié le 15 janvier, 2019
Dreamspinner Press
33.565 mots
115 pages

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eBook (ISBN 978-1-64405-181-8)

Illustration de couverture: Reese Dante
Traductrice: Alexia Reev
Traduction de Fire Balls by Tara Lain

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Extrait

 

— HÉ, BRADY ! Ramène ton p’tit cul de tapette par ici !

Un rire bruyant et grinçant suivit l’insulte. De toute évidence, M. Grande Gueule se croyait drôle.

Rodney Mansfield jeta un œil à la caserne en flânant dans les parages. Flâner. Amusant, comme mot. Disons plutôt qu’il rôdait. Mais impossible de trouver l’objet de sa traque. Seulement Mick, l’idiot fort en gueule. Oui. Ce n’était pas la première fois qu’il le voyait durant ses promenades. Et il commençait à lui porter sérieusement sur les nerfs.

Soupir. Aucune trace de Hunter. Le matériel – pantalons roulés dans les bottes, flanqués de tout l’attirail – était soigneusement rassemblé en une rangée, grave et dispo. Mince. Où était-il ? Il travaillait habituellement à cette heure-ci, du moins d’après les observations de Rod.

Encore une minute, puis il s’en irait. Il marqua une pause. Efforce-toi de paraître décontracté, chéri. Rien. Pas de Hunter. Zut. Il devait retourner au festival. Il remonta Laguna Canyon Road et traversa plusieurs pâtés de maisons en quelques secondes.

— Bonjour, chéri, roucoula-t-il au gardien en secouant les doigts lorsqu’il passa le tourniquet.

Une fois sur le terrain des festivités, il se fraya un chemin à travers la foule. D’importants mécènes et une flopée de touristes se bousculaient le long des hauts murs inclinés servant à l’exposition, à la limite d’un espace vert rempli de tables et de chaises. Mais comparé à la circulation sur les routes, à l’extérieur, le festival ressemblait à un pays enchanté de l’art.

— Rod ! Qui tient la boutique ?

Il s’arrêta net avant de contourner le mur d’exposition. Heidi le saluait de la main, assise à son stand. Il adorait les superbes bijoux qu’elle présentait. Il toucha les six anneaux dorés à son oreille qui, pour beaucoup, étaient des créations de l’artiste.

— Bonjour, ma chérie. Bisou, bisou ! lança-t-il en baisant l’air dans la direction de Heidi, à l’autre bout de la pelouse. Jerry le surveille pour moi. J’avais absolument besoin de faire pipi.

Plusieurs têtes de mécènes se tournèrent vers lui. Oups, l’endroit est mal choisi. Son point faible. Il scruta Heidi, qui souriait largement, et haussa les épaules en retour.

— Faut que j’y retourne avant qu’il vende mon dernier portrait, dit-il en la saluant. Bises, ma belle ! À plus tard.

Il se mit à trottiner, puis s’interrompit. Bon, Rod le camion, ralentis ou tu finiras par faucher quelqu’un. David lui disait toujours « lève le pied et tu vivras plus longtemps », mais à quoi bon vivre plus longtemps quand on ne vit pas à fond ? Il éclata de rire et accéléra.

Il dépassa une rangée d’œuvres d’art et tourna pour rejoindre la suivante lorsqu’il vit… Son cœur s’arrêta de battre. Je rêve. Il se jeta derrière le mur. Là. Il était là !

Pendant que Rod avait perdu son temps à tenter de l’épier, l’objet de son obsession s’était tenu devant son stand, à discuter avec Jerry. Mon dieu, quelle beauté. Avec son mètre quatre-vingts, minimum, ses cheveux bruns et ses grands yeux clairs, l’homme en face était un chef-d’œuvre vivant. Sauf qu’une femme l’accompagnait. Rod ne l’avait jamais vu avec une femme. Bien sûr, les pompiers invitaient rarement leur copine à la caserne, alors pas étonnant qu’il ne l’ait pas aperçue durant ses incursions dans leur service.

Il soupira. L’espoir faisait vivre. Mais évidemment, il avait été bête d’espérer. Pourquoi un homme comme Hunter Fallon s’intéresserait-il à un moustique comme lui ? Pourquoi le plus bel humain de la planète voudrait-il se rapprocher du Nain de jardin ?

Mais que pouvait bien dire M. Magnifique à Jerry ? Rod contourna les œuvres et se cacha de l’autre côté du mur accoté à son stand, près des tableaux de « Roman ». Rodney Mansfield, alias Roman. Peintre de tableaux de nu immenses et semi-impressionnistes montrant de magnifiques hommes. Oui, quelle ironie ! Un homme miniature peignant d’énormes tableaux d’hommes superbement nus. Freud s’en serait donné à cœur joie avec le sujet.

Peut-être parviendrait-il à écouter en tendant l’oreille. Il se rapprocha et attrapa un exemplaire de programme du spectacle artistique. Le dos tourné, il fit semblant de lire en se déplaçant furtivement vers son exposition.

Bingo ! Il distingua cette voix basse et douce qu’il entendait parfois lors de ses promenades à la caserne. Il en eut des frissons. Bon sang, cet homme n’était que sex-appeal.

— C’est le plus beau travail au pinceau que j’ai pu voir. On dirait de l’huile plutôt que de l’acrylique. Je ne me trompe pas ?

Nom d’un chien, Hunter appréciait son tableau ! Rod n’était pas loin de s’évanouir. Il feuilleta le programme. Jerry gloussa. Rod grinça des dents lorsque la voix de Jerry résonna :

— Aucune idée, vieux, j’saurais pas différencier l’huile du vinaigre. C’est pas moi qui peins. C’est Roman. J’suis pas Roman. Je lui garde juste son stand pour me faire de la thune. Attends un peu et tu pourras le rencontrer. Ils sont très beaux, hein ? Je veux dire, ces culs sont à tomber par terre. Je vais même te dire un secret : j’ai posé dans certains, mais pas celui-là. J’sais pas qui c’est, lui, tu sais, mais tu voudrais l’acheter ?

Merde. Rod voulait courir se cacher. Il adorait Jerry, mais parfois, il lui manquait une case. Sans doute trop de stupéfiants dans sa jeunesse. Cependant, Rod ne pouvait les interrompre. Que ferait-il, nez à nez avec Hunter ? Bonjour le malaise.

— Chéri, annonça une voix féminine, tu devrais poser pour cet artiste. De ce que j’ai vu, c’est le seul capable de rendre justice à ta beauté.

Son cœur fit un bond. Peindre Hunter ?! Doux Jésus. Et la femme l’avait appelé « chéri ». Arg ! Enfin, Rod appelait tout le monde ainsi, alors cela ne voulait peut-être rien dire. Sûrement.

La voix mélodieuse lâcha un rire.

— Oh, arrête ! Faudrait pas que les autres gars t’entendent me parler de beauté. Nous, les vrais mecs, on est virils ou rien.

— Hé, vieux, intervint Jerry, je te trouve beau, moi. Enfin, viril.

Oh, Jerry, tu n’as pas idée.

— Merci, répondit Hunter après une pause. Écoute, si l’artiste revient, dis-lui juste qu’il a un nouveau fan et que son travail est brillant.

— No soucy, vieux. J’y penserai.

Rod lâcha un soupir et s’adossa au mur. Un fan. C’est un fan. Il trouve que mon travail est brillant. Je meurs.

— Hé, Rodney, qu’est-ce que tu fais ? demanda son ami Harry en passant.

— Je regardais les exposants, répondit-il en secouant le programme.

Harry rit et continua à avancer.

— Tu dois les connaître par cœur, depuis le temps.

Oui. Effectivement. Il inspira encore un bon coup et tourna au coin jusqu’à son stand.

— Salut, Jerry. Désolé d’avoir tardé.

— Oh, mon Dieu, oh, mon Dieu, Rod, t’as raté un truc, vieux ! Le plus bel homme sur terre. J’en ai pas vu deux comme lui. Putain, vieux, j’ai eu envie de le mettre au sol et de le lécher partout. Oh, Rod, il était génial ! J’ai essayé de le retenir pour que tu puisses le voir. Faut que je le revoie, c’est obligé !

— C’est bon, j’ai compris, lança Rod en levant la main. Un mec t’a tapé dans l’œil.

Bon sang, jamais il ne l’avait vu aussi surexcité.

— Pas n’importe quel mec, Rod. Cet homme était genre… divin !

— Il était gay ?

Autant faire semblant jusqu’au bout. Jerry le fixa avec un regard de chien battu.

— Nan, il avait une meuf accrochée à son bras. Très jolie. Bordel, pourquoi faut-il que les plus beaux soient toujours hétéros ?

— Pourtant, il me semble que les femmes disent souvent « Pourquoi les plus beaux sont gays ? »

Jerry s’avachit sur son siège, puis s’égaya, frappé par une idée.

— Je pourrais le convertir !

Rod ne put s’empêcher de rire.

— Tu ne te donnes pas autant de mal, d’habitude. Tu crois qu’il deviendrait homo pour toi ?

— Oh, bon sang, ça vaudrait tellement le coup ! Il est spécial.

Rod réajusta les cartes sur la sellette posée sous ses tableaux et jeta un coup d’œil à Jerry. Il pouvait parler, beau comme il était. Des cheveux méchés de blond lui arrivaient aux épaules et entouraient son visage naturellement magnifique avec des lèvres pulpeuses, de grands yeux et un joli nez retroussé. Le garçon classique transformé en beau surfeur. Ce n’était pas une flèche, mais personne ne s’en souciait. Jerry était drôle et chaleureux. Amical et pacifiste. Il était très bien et Rod appréciait sa compagnie. Oui, et en plus, il lui avait rapporté de l’argent : deux de ses nus s’étaient vendus à prix d’or.

— Hé, chéri, je te dois une fière chandelle pour m’avoir remplacé au stand. Je peux t’inviter à dîner, demain ?

Jerry se déplia de sa chaise haute.

— Vieux, te sens pas obligé. Tu sais que tu m’aides déjà beaucoup.

— Fais-moi plaisir, veux-tu ?

— Bon, d’accord. Avec grand plaisir alors.

— On ira à ton restaurant mexicain préféré.

— Cooool ! À demain, répondit Jerry en marchant tranquillement au milieu de l’amas de gens, en direction de la sortie du festival.

— Super, Jerry. Oui.

Rod retourna à son livre d’or et chercha de son doigt la signature de Hunter Fallon. Aurait-il le temps de passer par la caserne avant son cours de karaté, ce soir ?

 

SAISIR LA queue de l’oiseau. Simple fouet. Bouger les mains comme un nuage. Simple fouet. Séparer la crinière du cheval. Hunter est splendide. Concentre-toi, Rod. Coup talon gauche. Pousser vers le bas. Qui était cette femme ? Lui, avec une femme, c’est une première. Fais attention. Aiguille au fond de la mer. Quel cul. Avancer, tourner, dévier, croiser les mains, et fermeture. Putain.

Rod leva les yeux de ses paumes jointes. Le froncement de sourcils du maître Chen se détendit, son front se lissa.

— Maintenant que nous sommes concentrés grâce à notre Tai Chi, dit-il en lui jetant un regard, Rodney, tu nous guides dans les katas ? Accorde une attention particulière à nos nouveaux élèves.

Rod regarda les deux nouveaux dans la rangée du fond. Eh bah, l’un d’entre eux était vraiment mignon. Il hocha la tête.

— Oui, sensei.

Il débuta avec les postures prescrites et une vingtaine d’élèves le suivirent sous les yeux du maître Chen. Ce dernier, bien que vieillissant, n’en demeurait pas moins un maître accompli. Il laissait Rod diriger la classe essentiellement pour les nouvelles techniques, cependant, il ne fallait pas le sous-estimer, même si côté taille, il rendait cinq centimètres au mètre soixante-sept de Rod.

Chen réussissait à dompter les plus grands tyrans, inspirant le respect à son second, mais ils ne pouvaient être plus différents. Les cheveux lisses et noirs du maître étaient coupés court sur son crâne, avec les vêtements assortis. Rod avait décoloré les siens, méchés de rose cette semaine-là, et portait des anneaux en argent et en or à une oreille, couleurs auxquelles il préférait le violet et une touche d’or lorsqu’il ne revêtait pas son gi. Il savait que Chen et lui semblaient bizarres, ensemble, dans cette classe, mais Rod disait toujours que le contraste créait les meilleures œuvres.

Une fois que les élèves se mirent à alterner les postures, il se dirigea vers le fond du groupe, où les deux nouveaux s’essayaient à l’exercice. Un petit jeune homme trapu en short de cyclisme et débardeur échouait dans sa pâle copie de films d’arts martiaux. Tigre et raton, ouais. À ses côtés, un jeune très mignon, habillé d’un gi retenu par une ceinture marron, mouvait son grand corps élancé dans une série de positions ressemblant assez aux postures répétées avec Rod pour qu’il le délaisse un moment. Rod lui offrit un sourire, qu’il lui rendit plus large encore. Trognon ! Il se concentra à nouveau sur le rongeur agité.

— Bon, un peu de discipline !

Après quinze minutes, durant lesquelles Chen et l’adonis s’étaient difficilement retenus de rire, Rod réussit à maîtriser la recrue exagérément enthousiaste, assez pour l’empêcher de se blesser ou de blesser les autres. Rod rejoignit ensuite l’avant de la pièce et répéta l’entraînement à effectuer à la maison. Tout le monde s’assit pour écouter un bref échange avec maître Chen et le cours prit fin.

Ouf, quelle chaleur ! Peut-être un petit verre avant de rentrer ? Il salua les élèves à leur départ et commença à sortir les vêtements de son sac de gym. Une voix s’éleva près de la porte d’entrée :

— Dites, le mec qui enseignait, il est homo ou quoi ? demanda sans doute le raton agité, car Rod ne reconnaissait pas la voix.

Silence, son cœur s’affola, mais il continua à trier ses affaires pour entendre la suite. La voix distincte d’un de ses élèves les plus virils gronda :

— Ses cheveux sont peut-être roses, mais il a une ceinture noire. À ta place, je ferais gaffe à ce que je dis à Rodney Mansfield.

— Hé, je ne voulais pas vexer, se rattrapa le raton inquiet.

— Ce n’est pas moi qu’il faut convaincre, s’esclaffa l’autre jeune.

Les voix se dissipèrent derrière la porte. Je rêve. Petit avorton. Bien sûr, ce n’était pas vraiment sa faute. Rod avait appris avec le temps que les gens supposaient son homosexualité, alors autant en jouer. S’en moquer le premier. Il se demanda si le raton aurait le courage de revenir en cours.

Rod quitta son débardeur et le plia dans son sac. Son T-shirt violet vif à l’effigie de David Bowie pèserait sur lui plus agréablement en cette chaude nuit.

— Eh bah, on est en forme.

Quoi ? Oh, le nouveau beau gosse. Rod se tourna pour offrir à M. Trognon une belle vue sur ses abdominaux musclés. Il possédait peu d’atouts, mais ce peu était parfait.

— J’essaye de m’entretenir.

— Ça vous réussit.

Hum. Flirtait-il ? Le jeune homme arborait un sourire de côté sous des lunettes cerclées d’acier doré, qui lui donnaient un air mignon et intelligent.

— Au fait, je m’appelle Bill. Bill Abraham.

Ils se serrèrent la main. La sienne était grande et chaude.

— Rod Mansfield. Tu te débrouilles bien. Ça fait longtemps que tu en fais ? demanda-t-il en passant la tête dans le T-shirt.

— Presque trois ans. Je viens de quitter la Caroline du Nord, et j’ai entendu parler de vos cours. J’ai eu envie de tenter, roucoula-t-il avec un autre demi-sourire. Et inutile de remettre le T-shirt pour me parler…

D’accord, il me drague à fond. C’est plutôt agréable.

— Je me suis dit qu’il valait mieux épargner le reste du monde. Tu vis à Laguna ?

— Ouais, j’ai un petit appart’ dans le Sud. Je viens de Berkeley, et j’ai pensé que tant qu’à vivre dans le comté d’Orange, autant m’installer dans la seule ville pro-gay.

Rod bascula sur une hanche, planta son poing dessus et se mit à zozoter :

— Quoi ? Et t’as supposé que je m’y connaissais ?

— Je ne voudrais pas me montrer présomptueux, rétorqua le jeune avec un sourire timide.

— Ouais, ouais, ce n’est pas comme si j’avais « mâle dominant » écrit sur le torse.

— Un très beau torse, d’ailleurs.

— La flatterie ne te mènera à rien !

— Même pas à dîner avec moi, cette semaine ? Vendredi ?

Hum. Il semblait plutôt sympathique. Bon sang, pourquoi hésitait-il ? De peur de perdre du temps loin de son Hunter adoré ?

— Vendredi, c’est une journée chargée au festival. Tu devrais m’y trouver.

— Le festival ? Oh, ce fameux truc sur l’art ?

Touché.

— Oui, je suis peintre. Tu fais quoi dans la vie ?

— Je suis professeur de mathématiques à l’université d’Irvine. Ils m’ont proposé un super poste, autrement je n’aurais jamais quitté Berkeley.

— Je ne saurais pas faire huit plus neuf.

— Essayons d’abord avec un plus un. Et jeudi ?

À nouveau, un petit plissement des yeux. Absolument adorable.

— D’accord. Je trouverai quelqu’un pour tenir mon stand.

— Génial. Au Rick’s, à huit heures ?

— Je t’y retrouverai, mais t’as intérêt à me donner ton petit numéro, la vie est pleine d’imprévus, dit-il en sortant son portable.

Bill le saisit et tapa ses coordonnées.

— Vous voyez ? Suffit d’ajouter.

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